Compétition courts métrages
Prix du public
Vendredi 22 novembre - 21h - Le Volcan, Scène nationale du Havre - 4€
À 18h, découvrez la compétition Labo au Volcan.
Après-coups
De Romane Garant Chartrand, Canada, documentaire, 2023, 24’
Entre les murs d’une maison d’hébergement, un cercle de parole démasque la violence conjugale pour mieux retrouver sa dignité et son pouvoir d’action. Dans un geste de cinéma empathique, Après-coups crée un espace de partage et de sororité, tel un ensemble choral qui abat les murs du silence.
« La mise en images sobre et respectueuse de leurs confidences croisées sur leur parcours de « libération » de leur agresseur et sur leur perception d’elles-mêmes les rend encore plus bouleversantes et éclairantes. » Ledevoir.com
Romane Garant Chartrand
Avec un regard sensible et une approche bienveillante, Romane Garant Chartrand aborde le cinéma dans le but d’élever les voix des personnes que l’on fait taire. Son travail explore notamment le rapport à l’adolescence et les nombreux combats menés anonymement par les femmes et les groupes sous-représentés. Son film de fin d’études, Love-moi (2021), se démarque dans une vingtaine de festivals et remporte le prix Coup de cœur du jury à Plein(s) Écran(s), le Prix du meilleur court métrage documentaire au Festival Émergence, ainsi que deux prix au gala Prends ça court ! Dès l’obtention de son diplôme, elle est sélectionnée dans le cadre de l’initiative Repêchage de l’Office national du film du Canada pour réaliser son troisième court métrage documentaire : Après-coups (2023).
Le mot des jeunes
Ce court métrage sur la thématique des violences conjugales, est bel et bien à part. Les témoignages des femmes s’y mélangent pour n’en former qu’un. Un cri universel contre les violences que tant de femmes subissent. On y comprend la difficulté à se sortir de ces situations et surtout, la difficulté à se reconstruire. Un très beau film qui nous permet de mieux comprendre les victimes de violences mais aussi les structures créés afin d’aider les victimes dans leur retour à la (vraie) vie.
Julie
Les belles cicatrices
De Raphaël Jouzeau, France, fiction-animation, 2024, 15’
Gaspard aime toujours Leïla. Un mois après s’être quittés, ils se retrouvent dans un bar bondé. Alors que le rendez-vous tourne mal, Gaspard se réfugie sous la nappe, loin des regards et plus près des souvenirs.
“Distance, gêne et regrets sont amenés par une animation qui mêle le numérique à l’aquarelle, et la voix cassée de Quentin Dolmaire à celle, plus ferme, de Fanny Sidney. La naïveté de ce court est joliment assumée, pour dire combien les blessures font mal, puis aident à se reconstruire.” Télérama
Raphaël Jouzeau
Raphaël Jouzeau est dessinateur illustrateur réalisateur et porte des lunettes. Diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg puis de l’Atelier Supérieur d’Animation en 2019. Il raconte des histoires à la frontière du réel et du rêve dans lesquelles il parle de fantômes des souvenirs et d’amour nappée d’une mélancolie Strokes-iesque. Il aime « bricoler » ses images superposant animation vidéo et textures en tous genres forçant l’accident et la surprise de découvrir de nouvelles images.
Le mot des jeunes
Un premier film où Raphael Jouzeau traite de la rupture d’un couple avec une grande sensibilité. L’animation (choix d’une palette de couleur restreinte), et les dialogues nous emportent dans un tourbillon d’émotions. Par sa voix-off, nous entrons dans l’intériorité de Garpard, totalement perdu face à cette douloureuse épreuve, C’est sincère, puissant, fuyant et doux à la fois. Chaque geste, chaque murmure prend alors des proportions insoupsonnés. Après quelques bières, la parole parvient à se libérer: entre souvenirs partagés et instant dramatique, Raphaël Jouzeau nous livre un poème visuel d’une grande beauté.
Suzanne et Rowan
Na Marei (L’invisible)
De Léa-Jade Horlier, France, fiction, 2023, 21’
En présence de la réalisatrice
Zaid, quinze ans, vit près de Kaboul avec sa mère et sa sœur. Entre l’école, ses amis et ses loisirs, il semble s’épanouir dans une ville en ruine après la guerre. Mais lorsque sa mère lui annonce qu’il est temps de se marier, ses ambitions s’effondrent et le lourd secret de sa liberté doit cesser.
“Coup de coeur Télérama du festival du court métrage de Clermont-Ferrand 2024, de film est une bouleversante chronique de la vie quotidienne sous les talibans. Avec un sens de l’ellipse terrifiant, la réalisatrice nous rappelle le calvaire de la moitié de la population afghane sous ce régime d’oppression.” Télérama
Léa-Jade Horlier
Léa-Jade est née en France et a grandi à l’étranger (Afrique et Amérique centrale). Technicienne dans le cinéma depuis plusieurs années, après avoir travaillé auprès de réalisateurs comme Abdellatif Kechich, Maïwenn, Nicolas Bedos ou Scott Franck, Léa-Jade a eu envie de passer du côté de la réalisation avec un premier court-métrage tourné aux Philippines, Matapang, produit par Piano Sano Films et présenté en 2022 à Clermont-Ferrand, Busan, Palm Spring. Tourné en Afghanistan, Na Mareï est son seconde court métrage.
Le mot des jeunes
Zaid a quinze ans, l’âge de passer le concours d’éloquence pour entrer à l’université de Kaboul, d’embrasser sa voisine Amira, ou encore de marcher les yeux levés. Dans un Afghanistan mis en ruine par les années de guerre, la caméra le suit et le regarde s’épanouir et prendre soin de sa sœur et de sa mère : dans le pays repris par les talibans, une femme seule ne peut rien. Alors Zaïd fait office, du haut de son jeune âge, d’homme de la famille ; mais ce rôle n’est que temporaire : il suffit d’une phrase de sa mère pour que sa vie vole en éclats. L’invisible est la qualité commune à toutes ces femmes qui disparaissent sous le régime des talibans : mariées trop jeunes, dissimulées dans les maisons, sous leurs voiles, interdites d’éducation et de la moindre forme de liberté. La réalisatrice, en construisant son court-métrage autour de cette fêlure — « Depuis ce « il » qu’on sublime / Jusqu’à ce « elle » qu’on opprime » nous dit Zaïd — expose avec justesse ces destins brisés au travers de son personnage, qui, jusqu’au bout, veut croire en sa liberté.
Sarah
Avec l’humanité qui convient
De Kacper Checinski, France, fiction, 2023, 24’
En présence du réalisateur
Dans une antenne Pôle emploi en pleine restructuration, Hélène, directrice adjointe, reçoit un e-mail alarmant de la part d’une chômeuse désespérée. Cette dernière menace de venir mettre fin à ses jours dans les locaux de l’agence. Avec l’aide de son équipe, Hélène va tenter de démêler les dysfonctionnements internes à l’origine de l’affaire afin d’empêcher l’irréparable. Le temps est compté.
“La tension qui monte est savamment entretenue jusqu’au bout. Avec l’aide d’une musique originale, aussi percutante que fine. Rigoureux et maîtrisé, Avec l’humanité qui convient est un film fort d’où l’on ressort la gorge nouée.” Télérama
Kacper Checinski
Né en Suède de parents polonais en 1983, Kasper Checinski vit et travaille en France depuis 2007. Après avoir obtenu un master en histoire de l’art, il se consacre entièrement à la création cinématographique, réalisant plusieurs films autoproduits au cours des années 2010. En 2018, Kacper se lie à la société Takami producKons, avec laquelle il tourne le court-métrage Avec l’humanité qui convient en 2023. Grand adepte du cinéma d’auteur européen, dont celui de Michael Haneke notamment, il s’adonne à mettre en scène les failles et les faiblesses humaines dans un style austère et dépouillé.
Petit Spartacus
De Sara Ganem, France, fiction-documentaire, 2023, 28’
En présence de la réalisatrice
Entre les eaux-de-vie et les blocs de l’Est, je navigue avec Spartacus, mon vélo qui parle grec. Mais même la grandeur du monde ne suffit pas à noyer ma peine.
“Sara Ganem signe avec ce court métrage l’une des comédies les plus ludiques de la compétition nationale. Son road trip à bicyclette entre Bretagne et Grèce se veut une réponse, pleine d’humour salvateur et providentiel, aux violences sexuelles.” L’Humanité
Sara Ganem
Après des études de théâtre et de cinéma, Sara Ganem prend sa caméra pour faire les films à l’envers, et se lance dans plusieurs road-movies auto-produits. Au bout de huit ans d’aventures naît Petit Spartacus, son premier court-métrage. Elle développe actuellement avec d’autres comédiennes l’écriture de son premier long-métrage de comédie : Happily never after, dans lequel elle sera aussi l’une des interprètes.
Le mot des jeunes
Aller à l’Est en espérant ne plus se sentir à l’Ouest : c’est l’idée pas banale à l’origine de ce court-métrage. Sorte d’Odyssée à l’envers, accompagnée d’un vélo répondant au prénom délicieusement grec de Spartacus, Sara Ganem nous emmène dans le journal filmé de son voyage au travers de l’Europe qui sert de miroir à son for intérieur. Petit Spartacus nous plonge dans un monde mythologique et parfois étrange, au fil du flux de conscience de sa narratrice entrecoupé de chansons interprétées en grec ancien par son vélo : le réel se frotte aux limites de l’ivresse à ne plus vraiment savoir ce qui est rêvé ou vécu. Les paysages parfois durs et méconnus qu’elle traverse sont le reflet de son propre besoin de reconstruction et de résilience, loin de ce qu’elle fuit. Parce que le vélo Spartacus, les souvenirs de ses cours sur la mythologie, sa quête vers la Grèce, tout cela ne fait qu’office de fil d’Ariane pour se confronter à ses souvenirs et ses émotions, pour, enfin, retrouver le cours de sa vie.
Sarah